Le blog de Dominique ROYER

Le jour du départ approche.

Et, au-delà de l'inquiétude générée par la "Grande Interrogation" vais-je tenir le coup physiquement ?, la joie est là prête à déferler.

Depuis des années, avec Bernard, ce projet nous tenait à coeur.

Reporté à la retraite puisque nous désirions le faire d'une seule traite: Départ de Saint Jean Pied de Port jusqu'à Saint Jacques de Compostelle. Puis jusqu'à Fistera, bien sur.

Fistera, nous y étions passé en 2006 lorsque nous visitions la Galice et avions contemplé, un peu envieux, les pélerins arrivant à l'océan.

Tout un tas d'évènements nous en empêchèrent, jusqu'au drame final. Bernard développant la SLA et décédant en août 2014.

Je pensais que je ne pouvais partir seule. Les années passaient. 

Et le COVID a été le déclic. JE POUVAIS PARTIR EN SOLO.

En Solo, mais avec Bernard dans la tête et le coeur.

Le départ est pour le 27 mai 2021.

ULTREIA

Réunir quelques amis,

trouver une voiture,

préparer une tarte aux pommes la veille, 

acheter des légumes de printemps: petites carottes, petites courgettes et petits pois, navets, oignons...

prendre la route de bon matin lorsque le ciel est pur, avec juste les quelques nuages qui font encore mieux ressortir le bleu,

arriver au village et y acheter de beaux morceaux d'agneau chez le boucher de la place,

acheter le pain chaud au sortir du four,

et se rendre, enfin, chez un ami dans sa "campagne".

Et là...

boire les premiers verres de thé, 

et tandis que les tajines de légumes et de viandes mijotent,

se balader dans les différents verts de la nature au printemps,

admirer et respirer les premières fleurs, 

égrener les premières fèves tendres et fraîches dont les tiges se dressent fièrement autour de nous,  et les grignoter en guise d'apéritif, 

puis, partager les délicieux tajines dont les parfums embaument dès les couvercles soulevés,

tremper le pain frais dans la  sauce onctueuse, tout en bavardant allègrement, après le dessert et le thé au thym, porter son regard au loin vers le lac, vers les chevaux, vers toute cette nature qui s'éveille avec le printemps,

et se dire que tous les ingrédients d'une merveilleuse journée étaient réunis, que c'était vraiment tout simple,

et savourer d'être vivants et heureux...

Depuis quelques jours la température baisse et le fond de l'air est plus frais.

Bien sûr nous sommes fin octobre et tout cela parait plutôt normal, mais on s'habitue très vite aux 30° quotidien.

Lorsque les premières pluies pointent leur nez, lorsque l'on met une "ptite laine" le soir, lorsque l'on se dit que peut être une couverture sur le lit serait la bienvenue, c'est sûr, c'est l'automne qui arrive.

Il a plu en début de semaine et sur l'Atlas ce sont donc les premières neiges que nous avons pu apercevoir depuis la terrasse.

Bien sûr les journées sont toujours chaudes.

Il a fait 28° encore hier après-midi.

L'air est doux et le soleil encore vif sur la terrasse où nous prenons un bain de soleil en lisant et paressant après le repas.

Mais...

La pluie va t' elle s'installer durablement ?

Doit on donc ranger les chaises longues ?

Doit on donc retirer les rideaux de coton de la terrasse du haut ?

Doit on donc poser la couverture transparente sur le patio ?

Ce sont là les petites questions qui accompagnent l'arrivée de l'automne à la maison à Marrakech.

Au départ, notre cuisine ressemblait à ça vers le fond:

         et à ça vers l'entrée:                 

Renfoncements divers, 

placards biscornus,

humidité et par dessus tout,

c'est le cas de le dire,

pas de plan de travail où poser les choses

et où préparer des repas dignes de nous.

Alors, la décision que je brûlais de prendre depuis déjà plusieurs années était claire.

Tout casser.

Et tout refaire à mon idée.

Ce genre de décision à Marrakech n'est pas une mince affaire.

Il faut faire des plans. Se renseigner sur les matériaux disponibles... et surtout, SURTOUT, réunir l'équipe qui va réaliser les travaux.

Mais nous avons, içi, un atout majeur:  notre efficace et entreprenante Brok, notre gouvernante.

Plus un tiercé gagnant: son mari Abdeljalil qui sait tout faire.

Son fils Adib qui, malgré son encore jeune âge, marche sur les traces de son père. Et son gendre Abdelhadi qui est menuisier ébèniste.

Plus une équipe de maçons, de peintres et d'ouvriers en tout genre qui ont déjà oeuvré dans la maison lors de menus travaux précédents.

C'est donc avec une certaine confiance (?), qu'après avoir choisi les carrelages et dessiné le plan, j'ai pris la fuite et mis entre mes idées et leur réalisation un grand nombre de kilomètres: destination Paris.

Au milieu du mois d'août, quelques photos des travaux en cours arrivèrent par mail.   

Effroi total devant l'ampleur du chantier. Et les mesures allaient elles être les bonnes ?

Donc, c'est la découverte à notre arrivée, de cette pièce entièrement refaite, agrandie, carrelée et repeinte.

Mais encore vide car,

nos meubles Ikéa, livrés depuis Paris par le transporteur attendent, sagement triés "haut" et "bas", dans un coin du salon du rez de chaussée.

Le "salon"... parlons en.

Il va nous y falloir camper quelque temps.

Un coin cuisine,

un coin lavage de vaisselle,

un coin repas sont près à nous faciliter la cohabitation avec les multiples coins "montage de meubles".                  

Au travail...

Tout le monde se met à l'ouvrage.

Adib, avec l'aide attentive de Bernard, découvre les subtilités des plans de montage. Il est tout heureux de l'aide apportée par la visseuse/dévisseuse et maîtrise très vite la technique.

Et voilà, en trois jours tous les caissons sont montés et fixés,

les trois plans de travail découpés et insérés,

tout comme l'évier et la plaque de cuisson. 

Le lave linge trouve sa niche et semble s'y plaire.

Aujourd'hui, nous soufflons un peu, le temps d'acheter le réfrigérateur, le four, la hotte... et, luxe à Marrakech, le lave vaisselle, qui seront livrés demain.

A nous, donc, demain, de placer les portes (ah, les réglages !),

les poignées (ah, les mesures !) 

les étagères...  et ouf, les rangements !

Tout a commencé avec ma plante extraterrestre !

Je ne sais pas son nom. (et si quelqu'un lisant ces lignes me la nomme, merci d'avance...)

C'est une plante grasse à longue tige, avec de petits pédoncules au bout, comme une sorte de plumeau vert et boutonneux !

Elles poussent à plusieurs en même temps mais ne se développent pas à la même vitesse.

Ici, à Marrakech sur notre terrasse elle est apparue spontanément, il y a plusieurs années, dans tous les pots, toutes les jarres, à côté des plantes ou arbustes déjà plantés.

Depuis elles poussent, poussent, jusqu'à atteindre plus d'un mètre cinquante, fleurissent tour à tour, une seule et unique fois chacune puis, meurent...

Cette année, il y en a deux qui ont fleuri en même temps.

le jasmin d'hiver et les orangers ont suivi.

Nous étions début mars et nous sommes arrivés dans le parfum puissant des fleurs d'orangers .

Le ciel est d'un bleu profond, la lumière cristalline et aiguë. Tout se détache comme à la plume et se dessine dans la lumière précise.

Au loin, les sommets de l'Atlas sont encore enneigés.

Les oiseaux volettent à la recherche de fibres pour construire leurs nids. Sur la photos, c'est un couple de Bulbuls, dont le cri est rauque et la tête coiffé "punk".

Mais nous avons aussi les Bruants striolés qui pénètrent jusque dans la maison à la recherche d'un "p'tit coin sympa".

Il fait déjà chaud, dans la journée la température monte rapidement jusqu'à 30°, mais les nuits sont encore très fraîches.

Peu à peu, toutes les fleurs s'épanouissent : les Bougainvillées multicolores,

le Rosier de Damas, le Bougainvillée nain...

l'Amarylis...

Puis, aussi, à notre grande surprise, le Géranium Robert, ici nommé Atarcha, qui s'ajoute à la menthe et aux autres plantes aromatiques dans le thé traditionnel de Marrakech.

Maintenant, c'est au tour du petit Grenadier nain de faire deux fleurs,

les lauriers roses sortent leurs boutons, et nous guettons le Jasmin et les Lantanas...

... ça ne saurait tarder, d'autant que la pluie, que nous n'espérions plus, arrive. Depuis quelques jours, des orages éclatent chaque début de soirées et la pluie chargée de sable rouge arrose les terrasses.

Tous les oliviers se chargent de pollen, aurons nous, comme l'automne dernier, des olives cette année ?

C'est le printemps dans la maison.

C'est le printemps en fleurs à Marrakech.